今年冬天會很冷的法文版,三部曲裡最先完成的創作,也是唯一先用中文創作,其餘二篇先寫法文再有中文版本。
 
 

L'hiver sera très froid 

 

Si tu me demandes, je resterai.

Tout est déjà trop tard.
Une vie n'a qu'un matin. Le temps ne s'arrête jamais.
Le premier matin est le seul matin authentique. Midi, il est déjà plus tard que le matin, le soir est plus tard que midi. Le prochain matin est encore plus tard que le dernier soir. Après le premier matin, tous les matins ne sont que des matins trompeurs. Il n'y a que des soirs, encore et encore des soirs. Il est déjà trop tard, plus tard il sera plus tard que trop tard.
On ne peut que s'approcher malgré tout de la mort ; on s'éloigne malgré nous du premier matin. Il est déjà très loin, il va être encore de plus en plus loin, de plus en plus tard.

Rien ne s'arrête. Rien ne reste.

Tout est déjà trop tard, plus tard il sera encore plus tard que trop tard.
Il fait déjà très froid, ils disent qu'il fera encore plus froid, l'hiver sera très froid.
Un trop chaud été vient de passer, ils disent que le prochain sera encore plus chaud.
Pourquoi en est-il ainsi! On cherche toujours mieux, on veut sans cesse de plus en plus de plus. Mais, on vient de vivre à peine quelque chose de beau, non, ce n'est même pas assez vécu, ce quelque chose de beau n'existe plus, il ne se rattrape plus. Ce qu'il y a de plus en plus est toujours désagréable. L'âge de plus en plus lourd, les cheveux de plus en plus pâles, parfois ils n'ont même pas le temps de vieillir, et tombent déjà, de plus en plus, on ne peut plus cacher, toute chauve, cette couche de graisse. Encore y a-t-il ces taches et ces rides, de plus en plus encombrantes, jusqu'à ce qu'on n'en puisse plus, cette vie définie de salissures et froissures infinies.


Si tu me demandais, quel que soit le temps, je t'accompagnerais.

Je sais que tu ne demandes jamais ; tu sais que je ne reste jamais.
Je sais que tu sais ; tu sais que je sais.
Entre nous c'est un point-virgule, ni une virgule, ni un point.
Depuis le commencement de ma vie, je ne me suis jamais arrêté. Aucun moment ne peut être arrêté, je suis destiné à marcher sans cesse sur la roue du temps. De temps en temps, la marche me fatigue, elle me fatigue malgré elle ; de temps en temps, j'oublie que je marche, je crois que je puis m'arrêter, et chercher avec eux ce qu'ils croient pouvoir être arrêté. Or, rassure-toi, je sais que cette marche sans arrêt doit se faire consciemment, que rien ne s'attrape. Ainsi la marche aurait-elle un sens. Ainsi pourrais-je, après avoir fini cette roue, n'en recommencer une autre. J'arriverais enfin là, où il n'y a plus de roue, plus de frontière.

Jadis, nous avons marché ensemble pendant quelque temps. Mais quelque part, tout en marchant, je ne te trouvais plus. C'est toi qui m'as quitté ou c'est moi qui t'ai quitté?
Tu es disparu, depuis quand as-tu disparu? Tout en marchant, j'observe les traces, il est possible que nous n'ayons jamais marché ensemble.
Nous nous sommes certainement croisés quelque part, pourtant la coïncidence entre deux roues n'était qu'un petit point. Notre marche n'était qu'une illusion créée de cette coïncidence. Tout est illusion.

Il y a longtemps que nous nous sommes rencontrés, et nous nous sommes séparés il y a longtemps.
Tu veux que je reste, je veux que tu le demandes ; ce n'est qu'une pensée séparée par un fleuve.

J'ai oublié de dire : une vie, elle aussi, n'a qu'une seule nuit, c'est la dernière nuit.
Ainsi marche-t-on jusqu'à ce qu'on n'en puisse plus, ce qu'il n'y ait plus de plus tard, que tous les plus comparatif, superlatif, substantif soient arrêtés par un simple plus négatif. Là, on saurait que lorsqu'on avance, ce qu'on voit n'est pas forcément les jours d'après. Lorsqu'on se retourne, ce qu'on voit n'est pas forcément les jours d'avant. Ainsi est la vie : puisque la dernière nuit arrive après tout, il n'y a que des jours précédents. Tout est hier, demain n'existe jamais. Faudrait-il attendre jusqu'à la dernière nuit pour comprendre que matin, soir, hier, demain, ILS nous les ont imposés. Ce que nous découvrons est différent ; ce que je découvre ne peut être vu que par moi-même.

L'hiver sera très froid, ce sont eux qui, pensant rester, le disent. Je ne reste jamais, je suis parti, je pars encore.

J'arriverai enfin à la dernière nuit. Je pourrai enfin m'endormir. A la fin de cette nuit, il n'y aura ni avant ni après, ni tôt ni tard. Je m'oublierai comme je t'oublierai, car nous serons ensemble, il n'y aura ni toi ni moi. Je dormirai enfin sans pesanteur, comme le vent, s'apercevant qu'il n'est que l'air, ne souffle plus.


 

La trilogie (2) - l'hiver

 

 

arrow
arrow
    創作者介紹
    創作者 歐洋 的頭像
    歐洋

    九月的春天 - On connaît la chanson

    歐洋 發表在 痞客邦 留言(0) 人氣()